Parlons.anges
Cet automne-là
Ces jours d'automne : où le soleil et le vent dansent ensemble, quand les feuilles s'orangissent, quand l'estuaire et l'aurore se muent en un seul cours. Ces jours d'automne : où l'équinoxe dispute au jour le même temps que la nuit, où tout se fait égal, où l'été n'est pas mort, où l'hiver pousse pourtant dans un tout premier souffle.
Ce jour d'automne où revient la Toussaint, où la lumière crépusculaire masque mal le silence exalté d'un sanglot englouti. Ce jour d'automne où je ne t'embrasserai pas, mon enfant, ma fille, mon tout petit. Ce jour d'automne où ta tombe, ton berceau éternel, éventée, poussiéreuse, sous les vents dakarois, lointaine et si présente, cette tombe où je ne serai pas - mais où même l'harmattan soufflera ton prénom jusqu'au coeur de mon âme. Ce jour d'automne, où comme chacun des jours, le matin se lèvera toujours, d'un réveil demi-clos, bercé par ton absence.
Cet automne entre deux, où je ne suis plus mort mais sans être vivant, où le froid n'est pas mort mais toujours en dedans, où le soleil décroît dans une aurore immense. Cet automne là ma fille, prends-le, il est pour toi.
