La joie

La joie. Et tu sauras aussi que la joie, même la joie, la plus triste des joies, a elle aussi un coût. Qu'il faudra du courage, c'est à dire un coeur plein, quand bien même de douleur, pour aimer à nouveau. Qui malgré ses sutures et ses larmes saignantes viendra rythmer ta danse. Qu'il faudra du désir, celui de se lever, celui de s'habiller, celui de respirer, celui de vivre enfin. Même quand la vie elle-même ne désirera plus rien. Le désir à chercher tout au fond de ta chair, aimante et survivante, la pulsation restante d'une étoile solaire, d'un pulsar solitaire qui brûle à l'horizon. Car ce sera le même choix, que tu feras toujours, chaque matin, chaque nuit, à chaque lever du jour, d'aller marcher enfin sur un rayon céleste. Car tu seras béni, dans cette vie si fragile, par ceux qui t'ont aimé. Par ceux qui t'aiment encore. Et qui t'aimeront demain. Tu marcheras sur l'eau, sur les torrents de larmes qui te prennent dans leur flot, pour planter ton regard dans les yeux de l'amour. Et aimer en retour. Alors tu apprendras que vivre c'est mourir, que vivre c'est partir, que vivre c'est revenir, et que vivre c'est renaître. Et tu sauras enfin que le sel de tes yeux est de joie et tristesse, et que les deux se mêlent d'un seul et même courant. Et tu boiras ton lait comme le soleil lunaire boit la nuit et la mer. Et pareil au sodium lacrymal qui te noie, tu sauras que la joie c'est d'être enfin vivant. Et tu aimeras en larmes cette vie qui t'attend.