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  • Photo du rédacteurParlons.anges

Manger le monde

Mange le monde par les yeux, mon petit, mon bébé, mon enfant éternel. Mange le monde par les yeux, et si tu ne les ouvres, si tes paupières sont lourdes par le poids de la terre, mange-le par mon regard. Ce sont les yeux d'un père qui les donne à sa fille.


Le monde entier par mes pupilles, à laisser courir sous mes pas, à laisser courir sous les tiens, ce qu'il nous reste de lumière. Chaque rayon, chaque soleil, chaque chemin de lune, que j'attrape pour toi, pour t'en faire un tissu à t'en chauffer le cœur.


Chaque étoile écrasée par une pluie d'écume, chaque embrun embrumé par un cristal salin, chaque larme océanique brille au coin de mes cils. Prend cette eau mon enfant, et bois, elle est pour toi. Pour ton repas céleste.

Mange le monde et la mer, et vois le crépuscule qui baigne à mes iris. Ta pupille, planétaire, s'y couche, comme un soleil nocturne qui n'ouvre pas la bouche. Prend cette nuit mon petit, mon tout-petit enfant, c'est une nuit pour toi. Et vois le jour aussi, et l'aurore qui vient naître à nouveau par mon souffle.

Mange le monde ma chérie, le bonheur n'attend pas. Et dors ton éternel, du sommeil bienheureux de ceux qui ne souffrent pas. J'irai courir pour deux. Jusqu'à porter ton nom par delà le silence. Jusqu'à porter la nuit par delà ton absence. Jusqu'à rouvrir tes yeux dans un ciel de faïence. Le bonheur n'attend pas, je le vivrai pour toi.




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