Parlons.anges
Un an
Un an.
Il y a un an ma fille, un an déjà, que je ne suis pas rentré près de toi. Un an que ta tombe est restée derrière moi, sous sa poussière sénégalaise et dans l'harmattan dakarois.
Un an que j'ai fait le choix, non pas de vivre, mais de renaître. Un an donc, que de retour ici, sur mes terres, sur les nôtres, je marche, les yeux plantés au ciel comme on plante un couteau pour en faire des lambeaux.
Voici que la dentelle, nuageuse, me parle toujours de toi, et que dans chaque brume ciselée par ton âme c'est la terre qui te pleure, et te pleure à ma place quand je n'ai plus de larmes.
Un an, que chaque samedi, je fleuris ton autel d'un bouquet éternel. Il y a ta photo, il y a ton doudou, il y a une bougie. Aussi un chapelet, moi qui ne crois rien, mais qui pour croire en toi veux bien croire que le ciel garde un peu de ton souffle.
Hier, sur la vitre glacée encadrant ton image, sur la vitre glacée aussi glacée que l'est une plaque posthume, sur la vitre glacée de ta photo-tendresse posée dans ta loggia, hier, sur ton minois, et comme chaque matin, j'ai posé un baiser.
Un an que je t'embrasse comme le font les pères, et que tu n'es pas là. Un an que je chemine chaque jour près de toi. Et deux ans, bientôt deux ans que c'est aussi ton ombre marchant tout contre moi.
